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Un tri des personnes hospitalisables a bien eu lieu

par Guy Muller 3 Août 2020, 19:22 Les articles de Référence

 

« Notre système de santé a été débordé »

 

Pour Eric Ciotti, rapporteur de la commission d’enquête sur le Covid, la France n’était pas préparée à cette crise. Un entretien publié par le quotidien le Monde ce jour dresse un premier bilan des auditions entamées à la mi-­juin. Son rapport final est attendu pour décembre.

 

Y a­-t-­il eu des tris de patients ?

Le discours officiel affirme que l’hôpital a tenu et que notre système de santé a résisté. C’est vrai que les soignants ont été formidables. Mais, au regard de ce que nous avons appris au cours des auditions, je nuance beaucoup cette approche. Oui, l’hôpital s’est adapté, mais à quel prix ? Il y a eu d’abord une déprogrammation massive des soins hors Covid, dont on mesurera plus tard les conséquences.

Il y a eu, ensuite, une forme de régulation qui, sans le dire, a privé d’accès à l’hôpital des personnes âgées, notamment les résidents des Ehpad. La commission a réclamé des données chiffrées auprès de la DGS. Nous venons de les recevoir, ces chiffres sont éloquents. Au pic de la crise, début avril, le nombre des personnes âgées de plus de 75 ans admises en service de réanimation chute brutalement. Nous passons de 25 % en moyenne (à la même période, au cours des années précédentes) à 14 % pendant la crise, et même à 6 % en Ile ­de ­France.

 

Le manque de moyens des personnels a amplifié la crise

Notre système a donc bel et bien été débordé. On a réduit les chances des personnes âgées. Beaucoup auraient pu vraisemblablement être sauvées. C’est grave. Les personnes âgées auraient­-elles été les sacrifiées de cette crise ? Très clairement, les Ehpad et les services de soin et d’aide à domicile ont été les parents pauvres de la crise. De nombreux témoins, notamment des médecins coordonnateurs, ont déploré l’absence de matériel de protection dans les Ehpad au début de la crise. Au début, les tests n’étaient faits qu’à l’hôpital, avec une mise à l’écart des laboratoires privés. Et c’est le 15 qui a primé, marginalisant 60 000 médecins libéraux. Il y a, début mars, une forme de retard dans toutes les décisions. La gravité de la crise n’a pas été prise en compte assez tôt.

 

Nos faiblesses structurelles demeurent. Il faut adapter de façon pérenne nos réanimations. Nous devons également renforcer d’urgence la médicalisation de nos Ehpad, dont le modèle, je crois, doit être entièrement repensé.

 

L'observatoire de l'âgisme vient de publier cette information sur le tri des patients de plus de 75 et 80 ans.

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