Les techniques de divisions employées par les médias viennent de trouver de nouvelles victimes. Au cours d’un repas, un ami se fait l’interprète d’avis autorisés qui regrettent que l’actuel gouvernement ait épargné les futurs retraités du secteur « public ».
A propos des soultes versées en garantie des futures retraites
Les dénationalisations commencées dans les années 1990, ont supprimé les anciens recrutements et donc le statut des anciens salariés, pour autoriser un recrutement de caractère privé. C’est ainsi qu’à France Télécom, les nouveaux recrutés ont tous été des « contractuels ». Les futurs retraités conduits à la porte avec des méthodes brutales : 50 000 emplois en moins sur 150 000 personnes, devaient pouvoir compter sur une retraite. D’autant plus, que le nombre de salariés diminuant rapidement, il fallait provisionner d’importantes sommes, afin que le rapport actifs/retraités ne déséquilibre pas le futur régime de retraite.
Toutes les entreprises mises sur le marché (entendons cotées en bourse) ont donc dû acquitter une soulte destinée à protéger leurs futurs retraités. Pour France Télécom c’est 40 milliards que l’entreprise a versé à l’Etat, somme déboursée sur son actif social, sur ses provisions, avant la mise en bourse. La situation a été identique pour EDF, GDF, les Offices des poudres, du tabac, et des forêts, l’armement a aussi connu les mêmes évolutions avec la SNECMA. Il en a été de même pour de nombreuses sociétés disparues depuis lors, du secteur de la banque, des assurances, Péchiney, etc.
Je publie ci-après les articles rédigés par les journalistes de l’époque qui ont contesté la façon de faire des gouvernants de l’époque. Ces gouvernants ont encaissé le fruit des soultes et des dénationalisations, pour réduire le déficit budgétaire et passer sous la barre des 3% de déficit. Les journalistes actuels veulent donc faire payer deux fois les salariés des services publics dont les bénéfices ont été à l’origine des soultes. Ainsi dans l’esprit de l’opinion de personnes qui n’ont pas connu les conditions des dénationalisations, n’importe quelle histoire racontée par n’importe qui, tient lieu de vérité avérée.
Des voleurs devenu prêcheurs des valeurs sociales
Alors que l’on évoque souvent pour rétablir l’équilibre des retraites, le rapport cotisants-actifs, et le nombre de chômeurs, pour augmenter durées d’activité et prélèvements, comment se fait-il que la vision des années 1980, n’en tienne aucun compte ? A l’époque il y avait moitié moins de chômeurs. En conséquence l’argument employé aujourd’hui peut être complètement retourné, tout comme celui de la pénibilité du travail d’alors.
Nombre de dénationalisations ont été catastrophiques au plan de l’emploi. Les actionnaires ont été lessivés avec les banques, dont le sort est toujours opaque selon le FMI, la sidérurgie, les aciers spéciaux, le gaz et l’électricité, sans compter les télécommunications. Les journaux qui ont engrangé la publicité des groupes mis sur le marché oublient dans quelle nasse ils ont mis les souscripteurs. Mais de ces ruines pratiquement des deux-tiers de pertes en moyenne, ils ne tirent aucune conclusion, pour réformer leurs propos. La presse n’a jamais condamné les voleurs. Elle a assisté au départ de millions d’actionnaires lésés, dont souvent le propre personnel des entreprises dénationalisées. Les politiques pérorent comme Francis Mer, ancien ministre des finances, mais surtout liquidateur d’Usinor-Arcelor. L’hebdomadaire « Le Point » vient de l’inviter le 23 octobre 2013 à un colloque sur le thème de la « Dynamique de croissance et la compétitivité » plaçant l’homme au cœur de l’entreprise ». Comme quoi rien ne vaut mieux que des déplorables responsables d’entreprise pour promouvoir les valeurs de la société.
Le rétroviseur du temps n’existe pas
Le même ami déplore la retraite à 60 ans accordée selon lui à tort en 1981. Ainsi il commet l’erreur de juger en 2013, de la situation des retraités de l’année 1980, nés en 1920. C’est oublier que le temps a changé modes de vie, pénibilité et durée de vie. Il faut se remémorer les évolutions que notre société a connue pendant plus de 30 ans. Et là la comparaison condamne une affirmation aussi péremptoire. D’autant plus que ces bénéficiaires de la retraite à 60 ans sont sous terre depuis longtemps.
A 60 ans en 1980, les retraités vivent 5 années de moins qu’aujourd’hui et ont assumé des charges plus pénibles tout au long de leur existence. Ils ont aussi commencé à travailler plus tôt. A cette époque 25% de la population est ouvrière, le chômage est faible, de l’ordre de la moitié de ce qu’il est aujourd’hui. Les retraités ont tous effectué un service militaire long : 28 mois. Ils ont connu les guerres, le rationnement. Mais surtout ils ont reconstruit le pays pendant la période des 30 glorieuses. Au lieu de déplorer cette situation en 2013, il vaudrait mieux regarder les actualités de l’époque plutôt que dans un rétroviseur pour étudier la morphologie de ces retraités, voir leur visage et leur destin dans les asiles de vieillards. La construction transforme les banlieues avec de nouvelles enseignes, la sidérurgie et l’automobile existent encore, comme les chantiers navals. Le commerce de proximité existe tout comme l’agriculture. Or de nos jours nous devons payer au titre de la solidarité, des retraites à des personnes dont l’activité a diminué fortement dans le commerce, l’artisanat, l’agriculture. Le TGV démarre tout comme les autoroutes, les centres commerciaux, le téléphone portable. Les retraités de 1980 sont nés en 1920, pour débuter leur vie active quinze à vingt ans plus tard, c’est ce que dit le rétroviseur. Comme leurs successeurs retraités des années 1990, nés en 1930, ont travaillé entre 1945 et 1955, avec la fin des guerres coloniales et leurs conséquences sur leur santé. Alors que près de vingt six millions de personnes ont bénéficié de la retraite à 60 ans et sont mortes depuis lors, faut-il leur présenter la facture ?
De nos jours à 65 ans en 2013, les retraités présentent un tout autre visage : 5 à 6% d’ouvriers, plus de service militaire, entrée tardive dans la vie active, plus de diplômés, etc. Ils bénéficient tous de la généralisation des retraites complémentaires depuis 1968. Ils ont une meilleure apparence et plus de moyens au plan économique.
A l’époque, les vieux sont vieux travailleurs et non pas des seniors !! Il faut voir impérativement les actualités consacrées aux goûters des vieux organisés dans toute la France y compris à l’Elysée, pour constater la différence. Les repas pris dans les familles par le Président de la République donnent de précieuses indications sur l’équipement des cuisines : le couple congélateur et micro-ondes, le lave-vaisselle sont absents. L’absence de ces équipements donne une idée de l’asservissement des femmes en temps consacré à la préparation des repas.
Comparaison n’est pas raison !!!
Guy Muller
Retraites EDF-GDF : histoire de soulte
Comment Danièle Karniewicz a obtenu un juste accord dans le financement de la retraite des salariés d’EDF-GDF… D. Karniewicz, secrétaire nationale et présidente de la CNAV, au côté de J.L. Cazettes. La soulte adosse le régime EDF-GDF sur ceux de la Sécurité sociale, de l’AGIRC et de l’ARCOO.
L’accord âprement obtenu maintient totalement les droits des salariés d’EDF-GDF en matière de retraite. Après d’âpres négociations impliquant le ministère des Affaires Sociales, Matignon et Bercy, Danièle Karniewicz a réussi à obtenir les 9,2 milliards d’euros nécessaires à la CNAV pour équilibrer financièrement cette opération. Bien sûr cela passe par des habillages particuliers comme l’intervention du fonds de solidarité vieillesse pour les avantages familiaux estimés à 1,3 milliard. Cela permet de réduire l’affichage du paiement par les pouvoirs publics.
Cet accord réussit à maintenir totalement les droits de nos collègues d’EDF-GDF, alors que l’on envisageait de ne valider que 90 % ou 95 % de ces droits. De surcroît, il ne crée pas de préjudice pour les salariés et retraités du régime général. En fait, il fait payer Bercy et les entreprises.
France Télécom arrange le budget : La soulte versée à l'Etat lève un obstacle à la monnaie unique.
AESCHIMANN ERIC 4 SEPTEMBRE 1996
Alain Juppé sauvé par le gong. Hier, le gouvernement a confirmé l'information de la Tribune Desfossés: la soulte que doit verser France Télécom à l'Etat, un complément financier de 35 à 40 milliards de francs au titre des retraites du personnel, sera incluse dans les recettes fiscales telles que les définit le traité de Maastricht. Ce qui signifie que, sans réduire formellement le déficit de l'Etat, cet apport d'argent va permettre à la France d'atteindre la barre d'un déficit maximum de 3% du PIB.
Passablement technique, l'affaire est symptomatique du caractère à la fois tâtillon et absurde du traité européen. France Télécom prépare sa privatisation. Cette opération l'amènera à couper les dernières amarres avec la puissance publique, tout au moins en matière de retraites. Il est prévu que l'opérateur téléphonique versera à l'Etat une soulte pour solde de tout compte, afin de permettre aux pouvoirs publics de payer, au cours des années qui viennent, la retraite des salariés de France Télécom ayant conservé un statut public. Le montant de la soulte n'est pas encore définitivement fixé. Mais l'important réside dans le traitement comptable qu'en fera l'Etat. Il y a deux ans, dans un cas similaire avec la privatisation de la Seita, le gouvernement avait choisi de placer son pécule à la Caisse des dépôts. Cette fois, c'est l'Etat qui gardera le pot de crème. Finalement, Alain Juppé devrait placer la majeure partie de la somme sur un compte annexe. L'orthodoxie budgétaire est sauve: pour le budget général, la soulte de France Télécom ne servira pas d'euphorisant artificiel. Seules les économies permettront de tenir le déficit à 245 milliards.
Mais qu'en est-il au regard du «déficit public» tel que le définit le traité de Maastricht? C'est à cette question qu'une réponse a été apportée hier. Ce transfert sera considéré comme une recette budgétaire. Cela signifie qu'elle viendra compenser les autres déficits publics.
Gustav Adolf Mossa à voir au Musée des Beaux Arts de Nice