Billet de présentation
Le colloque du 16 décembre organisé par le CCAS de Nice était d’un haut niveau. J’y ai participé pour le Coderpa à qui j’en ai communiqué le compte-rendu intégral. L’importance des apports des conférenciers m’a conduit à en scinder la présentation en deux parties :
La première partie est l’exposé de Jérôme Pellissier déjà publié
La deuxième partie est une réfutation de l’allongement de la vie telle que présentée par les politiques, par Monsieur Daniel Reguer. Si l’allongement de la vie est indéniable, elle n’a pas l’ampleur annoncée d’un an de gagné tous les quatre ans, mais est plus proche d’une année tous les dix ans.
Guy Muller
Les seniors sous le regard de la société
Colloque du 16 décembre 2009 (suite)
Organisé par le CCAS de Nice
Monsieur Galy présente l’objet de la réunion qui est de modifier la perception qu’à la société des seniors. La représentation sociale du vieillissement ne cadre plus avec la réalité des choses réellement vécues par les seniors. L’évolution démographique oblige à regarder de plus près les réalités d’une population en nette croissance et dont l’espérance de vie augmente.
La ville de Nice abrite 100 000 seniors soit 30% de la population contre 21% en France. Monsieur Galy donne l’exemple de la durée de vie sous l’Antiquité telle que constatée par les stèles funéraires : à 40 ans l’on était vieux. Désormais c’est tout un groupe humain qui dépasse largement les 60 ans. Dans les faits peu de personnes terminent leur vie en établissement (18%). La fin de vie n’est pas un parcours de désespérance. Nous possédons une nouvelle vie Il décrit la mort du papet qui trépasse en une seule nuit… dont il convient de savoir que faire de cet important laps de temps disponible. Les seniors seraient dans un nouvel âge d’or et ils vident les caisses de l’Etat !! Mais tous les retraités ne sont pas riches… Leur statut reflète le moule de la société où l’éventail des ressources est très large (émission de la 6). Des images factices de dynamisme y sont donnés y compris à 90 ans.
Qu’est-ce qui fixe à 60 ans la limite d’âge ? On est toujours plus vieux qu’une autre personne. Grandir c’est forcément vieillir… Tout au long de la vie des transformations interviennent sans qu’il s’agisse d’handicaps. Il faut s’ajuster chaque jour pendant toute la durée de la vie. Les 60 ans ne sont donc pas une frontière. Y-a-t-il d’ailleurs une frontière ?
Le temps qu’il reste à vivre ne doit pas consister à se trouver des occupations. Il faut impérativement se forger un projet de vie ce qui est le thème de la réunion de ce jour.
Les parlementaires qui ont l’âge des seniors, les artistes ne se considèrent jamais comme des seniors, il y a bien un rejet de la case seniors même par ceux qui le sont devenus. Un projet de vie ne doit pas être limité par les moyens financiers. C’est un projet d’activité qui doit être planifié comme la vie de travail est planifiée. Mais à la retraite, la planification ne dépend pas d’autrui, d’un patron ou de clients. Cette planification dépend d’une seule personne : Vous !
Ecrivain public, conseil d’entreprise, libraire spécialisé, organisateur de circuits découvertes, gestionnaires et créateurs de sites Internet, montrent la diversité des engagements des seniors. Ils peuvent ainsi s’épanouir dans des actions utiles à tous. Tout projet de vie se résume en la construction d’une vision d’espérance qui transcende le quotidien.
Intervention de Monsieur Daniel Reguer, Université du Havre
Données démographiques.
En 2050 le nombre de + de 30 ans progressera dans tous les pays jusqu’à 41,7% au Japon, la moyenne étant de 32%. L’énorme gain dans l’espérance de vie s’explique par la diminution de la mortalité à la naissance. Toutefois, l’espérance de vie à la naissance ne dit pas grand-chose. Il vaut mieux regarder l’espérance de vie à 70 ans. En 1900 les femmes de 70 ans vivent déjà en moyenne jusqu’à 78,3 ans. En 2010, leur espérance de vie est de 12,3 ans.
La vieillesse c’est un âge, un statut matrimonial, une situation professionnelle, une génération. D’un seul coup on se retrouve sans activité en possession d’un statut très varié.
Pour aborder la dernière grande étape du cycle de vie. Il faut parler de l’espérance de vie en référence à un âge donné. Un tableau est montré :
69 ans : 1 400 000 personnes en 1954, 3 millions en 2003
76 ans : 600 000 personnes en 1954, 1,5 million en 2003
En fait l’augmentation du nombre de survivants n’est que de 5,9%.
En 1968 les femmes de 92 ans ont 3 ans d’espérance de vie. 35 000 en 1968, 216 000 en 2003. L’accroissement du nombre de personnes est nettement plus élevé que celle de la durée de vie.
En 40 ans le gain est de 4 années et non d’une année sur quatre comme affirmé par les responsables politiques.
Depuis 30 ans le nombre de personnes au lit ou au fauteuil est stable à 150 000 personnes.
GIR 1 et 2 : 387 000 personnes. Il y aurait moins de personnes âgées ? Ce qui a le plus changé serait le nombre de personnes sans activité professionnelle. Entre 13 et 14 millions de personnes sont sans activité. 38,2% des 55–64 ans ont un emploi en 2008 contre 45,6% en moyenne européenne.
Plus on monte dans l’échelle sociale plus la vie est longue. Les ouvriers et employés ont une espérance de vie de -7 à –5 années inférieure à celle des cadres. Exemple est donné du départ accablé de manœuvres chez Renault qui partaient à 56 ans et 3 mois. L’entreprise n’avait pas du tout organisé ce départ. L’attachement au lieu d’aliénation est aussi une hypothèse. La retraite est l’un des problèmes les plus importants posé aux Etats. Les politiques de retraites engendrent des parcours individualisés. Dans l’exploitation agricole on arrêtait de travailler à la mort.
L’école a renforcé ce phénomène de groupe.
Droit à l’école ou école obligatoire,
Droit à la retraite ou obligation de cesser l’activité ?
La crise a bon dos si l’entreprise licencie à partir de 50 ans.
La France a résolu ses problèmes de chômage en diminuant la population active à ses deux extrémités.
L’ancienneté au travail n’est plus récompensée par une médaille mais sanctionnée par une injonction au retrait. On ne part pas pour soi mais pour laisser la place aux jeunes. Or les jeunes peuvent être licenciés en même temps que les vieux. La fierté du travail disparait lorsque l’on ne sait plus pour qui on travaille.
Le chômage est vécu intériorisé comme une difficulté personnelle. Dissociation entre les salariés évolutifs et les salariés relégués dans la sous-traitance. La concurrence est accrue par les primes. Il n’y a plus d’amis au travail et le quitter n’est pas un inconvénient mais un avantage (France Télécom). Processus dit de désaffiliation.
Des stratégies individuelles sont mises en place pour survivre : débrouillardise, créer son entreprise, clubs de chercheurs d’emplois, syndicalisme, lobbies.
Recommandations.
L’avancée en âge n’est ni une perte, ni un droit. Favoriser les changements d’emplois, les réorientations professionnelles par des parcours sécurisés. C’est un changement radical dans le fonctionnement de nos sociétés. L’Etat qui est aussi un employeur est souvent le plus mauvais exemple.
Penser les complémentarités intergénérationnelles et non les tutorats. Exemple de la Finlande.
La formation doit intervenir à tous les âges. Or souvent le droit à la formation est interdit au plus âgés dans les entreprises. Idée de former les DRH à une gestion prévisionnelle des âges pour prévenir. Rompre avec les mesures d’âge : CDD seniors par exemple. En maison de retraite c’est indispensable.
Soutien à une recomposition de la vie sociale. La venue des petits-enfants est une opportunité.
Enquête sur : la retraite une vie sociale.
Plusieurs tableaux statistiques sont projetés issus d’une enquête conduite par des étudiants auprès de seniors de Seine Maritime.
Les problèmes rencontrés par les retraités : la fin des relations de travail, les préoccupations liées à l’ennui, la solitude et les ennuis de santé… Les problèmes croissent avec le temps (dernière ligne du tableau). Un quart des retraités participent aux associations. 46% des retraités ne participent à rien ! Le diplôme est discriminatoire l’adhésion aux associations est fonction du diplôme. Le diplôme devrait donner une responsabilité de solidarité. Les motivations qui conduisent les retraités à participer sont variées mais la troisième mi-temps est le moment le plus important. Elle développe les aspects relationnels entre retraités.
Guy Muller