Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le suicide des personnes âgées : un drame français

par muller 21 Février 2011, 16:22 Maltraitance

 

Le suicide des personnes âgées bat des records en France

 

Le suicide des personnes âgées est actuellement obscurci par le débat sur l’euthanasie volontaire. Chaque responsable politique, associatif a sa réponse qui est une réponse de principe, une réponse éthique et morale. On peut s’interroger sur la pertinence de ces avis largement publiés dans la presse. Ils émanent en effet de personnes obligées de prendre position dans ce débat. Or le suicide des personnes âgées existe en France à une échelle inconnue dans les autres pays d’Europe. Il serait donc bon que les institutionnels répondent à un véritable problème, plutôt que de donner des réponses trop théoriques. Oui, l’on se suicide en France entre 2 et 5 fois plus que dans des pays comparables. Le suicide est une conséquence sociétale qui devrait interpeler les responsables. Les suicidaires assument leur fin sans forcément se référer au droit. Le beau débat sur l’euthanasie oublie la réalité des faits. C’est l’isolement, la solitude, le constat que tout ira demain plus mal avec la décrépitude du corps, qui conduisent au suicide.

Monsieur Jean-Pierre Marmontelli a suivi pour nous les travaux d’un récent colloque consacré au suicide. Il vous en donne un résumé ci-dessous.

 

PA312157.JPG

 

Colloque  « la crise suicidaire : de la prévention à la prise en charge »

A l’initiative du CODES – Sous la Présidence du Pr Darcourt

Nice le lundi 10 janvier 2011

 

Les personnes âgées se suicident en moyenne beaucoup plus que le reste de la  population, surtout après 85 ans, chez elles ou en maison de retraite, souvent en raison de dépressions non diagnostiquées, dans une indifférence générale.C’est ce que constatent de nombreuses associations comme l’Association Internationale pour la Prévention du Suicide (AIPS).

Ainsi, quand le taux est de 17,1 suicides pour 100 000 habitants dans la population générale, il est de 32 pour les 75-84 ans et de 38,8 chez les plus de 95 ans selon les chiffres de l’Institut National de Recherche Médicale (Inserm). Les hommes de plus de 95 ans se suicident même dix fois plus que le reste de la population.

 

La société nie l’importance du suicide des personnes âgées

Depuis 30 ans, la France compte environ 3 000 suicides chez les plus de 65 ans, sur les 10 000 environs répertoriés chaque année. Se sentant « rejetés par une société très méprisante envers les gens qui ne sont plus actifs », souvent isolés et voyant leur état physique décliner, beaucoup de patients âgés ne voient pas d’autre issue, explique le Dr Sophie Moulias, gériatre à l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt.

« Si l’on parle davantage du suicide des adolescents, pour lesquels il s’agit effectivement d’une des principales causes de décès à un âge où l’on meurt peu de maladie, les personnes âgées sont donc, en proportion, nettement plus concernés par le suicide », relève la Drees dans une étude sur les  « suicides et tentatives de suicide en France ». L’étude de la Drees est résumée dans l’article suivant : http://mullercoderpa06.over-blog.com/article-le-suicide-des-personnes-agees-39072167.html 

 

PA312158.JPG

Le suicide des personnes âgées « n’intéresse personne » déplore Sophie Moulias. « Ce n’est pas un point fort de la santé publique aujourd’hui » insiste-t-elle, même si au secrétariat d’Etat aux ainés, on déclare « ne pas être indifférent face à cette triste réalité ».

« Un combat s’impose sur la prévention du suicide des personnes âgées, notamment sur l’isolement et les signes de dépression », reconnaît-on de même source. Alors que la principale cause de suicide est la dépression, celle-ci est « particulièrement difficile à diagnostiquer chez le sujet âgé », explique le Dr Olivier Drunat, chef du service de psycho-gériatrie de l’hôpital Bretonneau à Paris.

Les syndromes dépressifs sont «  difficiles à différencier des plaintes qui peuvent exister à cet âge-là, lorsqu’on se plaint de sa mémoire, de douleurs, de fatigue, ce sont des symptômes assez bâtards, assez généraux qui ne sont pas forcément des signes d’alerte très évidents », poursuit-il.

 

Le bruit sur l’euthanasie cache le silence sur l’importance du suicide

De même, un comportement agressif, ou au contraire une personne âgée qui se met en retrait, peut constituer un symptôme à prendre très au sérieux, expliquent les médecins. Les dépressions «  sont donc probablement sous-estimées, mal prises en charge et du coup, il y a plus de passages à l’acte » suicidaire selon le Dr Drunat.

Doivent-être évalués :

-            -  La perte de l’estime en soi : je ne vaux plus rien, j’embarrasse.

-          -  Le sentiment d’impuissance et d’incapacité : je ne peux plus y arriver.

-          - Le désinvestissement de la réalité (repli sur soi).

-          - L’intensité de l’angoisse libre qui facilite le passage à l’acte.

Pour être efficace, cette action devrait s’inscrire dans un cadre opérationnel, celui du réseau gérontologique local et de ses bonnes pratiques de prévention et de coordination. Le Programme d’action de la cellule de prévention prévoie la sensibilisation de l’ensemble des acteurs gérontologiques : améliorer la connaissance épidémiologique du problème, dépasser certaines idées reçues et proposer des indicateurs permettant un meilleur repérage des personnes âgées en crise potentiellement suicidaire. L’action de prévention proprement dite passe par plusieurs étapes : identification des personnes âgées à risque ; évaluation précise en respectant l’autonomie de la personne âgée.

Concernant le colloque proprement dit, dans l’atelier « la crise suicidaire chez les personnes âgées », en présence d’une représentante de l’ARS, il a beaucoup été question de la nécessité pour l’ensemble des professionnels gravitant autour des personnes âgées de travailler ensemble : partager leur savoir, confronter leurs difficultés, élaborer un suivi adapté à chaque personne. On a beaucoup parlé, également, de la nécessité de faire appel à un personnel formé, sensibilisé au public des personnes âgées, bien payé, valorisé et ayant des perspectives de carrière.

Alors que la société a du mal à s’émouvoir du suicide d’une personne âgée, « il faut expliquer que ce n’est  pas normal, que ce n’est pas plus acceptable que le suicide des jeunes », insiste le Dr Moulias.

 

PA312159.JPGLes photos sont du musée des Arts Antiques d'Arles

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
commentaires

Haut de page