Ce jour 7 décembre, je souhaitais acquérir le livre de Geneviève Legay, afin de le commenter et de discuter avec son auteure. Son titre était tout un programme en réponse à l’opinion manifestée au plus haut niveau du pouvoir : « celle qui n’était pas sage ». Mes notes de lecture passées sont accessibles en suivant le lien :
http://dirpareferences.over-blog.com/tag/notes%20de%20lecture/
Or la séance de dédicace a été perturbée par un hommage impromptu rendu à Geneviève que vous pouvez suivre dans cette vidéo.
Un rappel de l'affaire
Macron souhaite « un prompt rétablissement, et peut-être une forme de sagesse » à la manifestante blessée à Nice le 23 mars.
Affaire Legay : le procureur de Nice a disculpé la police... pour ne pas embarrasser Emmanuel Macron
Jean-Michel Prêtre s’est justifié ainsi à sa hiérarchie pour avoir initialement dédouané les policiers après les blessures subies par une manifestante de 73 ans.
Lors de son audition par sa hiérarchie, le procureur de Nice a affirmé, selon les informations du journal "Le Monde" ce 24 juillet, avoir voulu éviter de mettre Emmanuel Macron dans l'embarras "avec des divergences trop importantes" sur la manifestation des gilets jaunes au cours de laquelle Geneviève Legay, 73 ans, a été blessée à Nice en mars.
Ne pas fâcher le patron. C'est ce principe qui, selon Le Monde ce mercredi 24 juillet, aurait présidé aux choix du procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, dans la gestion de l'enquête concernant les graves blessures subies par la militante Geneviève Legay, âgée de 73 ans, lors d’une charge de police dans une manifestation interdite des gilets jaunes le 23 mars dernier. Lors de son audition par sa hiérarchie, diligentée par le directeur des services judiciaires en avril, le magistrat aurait affirmé, relate le journal, "qu’il n’avait pas voulu mettre le chef de l’Etat dans l’embarras 'avec des divergences trop importantes' entre les versions". "Et ce, ajoutent nos confrères, de sa propre initiative".
L'affaire Geneviève Legay dépaysée
La neutralité de l'enquête préliminaire ordonnée après cette manifestation avait déjà été sérieusement entachée, en avril dernier, après que Médiapart indique que les investigations avaient été confiées à la compagne du commissaire en charge des opérations de maintien de l'ordre ce jour-là, Rabah Souchi. A l'époque, Jean-Michel Prêtre, décrit selon Le Monde comme "carriériste", "influençable" et "proche des forces de l'ordre", déclarait au média en ligne ne pas voir "en quoi cela posait problème". "Au moment [l'ouverture de l'enquête], il n’y a aucune preuve évidente que ce soit un policier. Il faut réunir les éléments de preuve matériels", développait-il.
Le 11 juillet,Médiapart révèle que Jean-Michel Prêtre avait suivi le déroulement des opérations lors de "l'acte XIX" des gilets jaunes depuis le centre de supervision urbain de Nice, si bien qu'il semble difficile que le procureur ait pu ignorer que Geneviève Legay avait, a minima, bien été "en contact avec les forces de l'ordre". Les doutes sur l'attitude du parquet dans cette affaire ont conduit la Cour de cassation à accéder, le 10 juillet, à la demande de dépaysement du dossier, formulée par l'avocate de Geneviève Legay et appuyée par le parquet général d’Aix-en-Provence, au profit du tribunal de grande instance de Lyon.
Un âge limite pour manifester
Geneviève Legay a tricoté* un gilet jaune aussitôt envoyé au Président pour lui indiquer la place qui lui serait naturellement assignée en tant que personne âgée. Elle fait allusion aux déclarations d'Emmanuel Macron tout juste après après le 23 mars, où il avait "souhaité à la septuagénaire un 'prompt rétablissement, et peut-être une forme de sagesse' : 'Quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci'", avait-il commenté. La déclaration du Président est un véritable plaidoyer pro domo. Moins il y a de manifestants mieux c’est pour le pouvoir !! De telles déclarations visent à dissuader les plus âgés à contester, ce qui est une appréciation nouvelle portée sur le champ d’application des libertés publiques.
*Les Tricoteuses désignent les femmes du peuple qui, pendant la Révolution de 1789 assistaient aux séances de la Convention nationale, tout en tricotant. Le terme de tricoteuse apparaît à partir de 1795. Auparavant, elles sont surnommées Jacobines, habituées des tribunes. En conséquence, souhaiter que les femmes soient assignées exclusivement aux tâches ménagères, est une idée qui oublie l’Histoire de France.