La publication du rapport de l’Oxfam sur l’accroissement de la richesse de certains pendant la crise liée à la Covid, est un miroir inversé de la crise rencontrée par les plus pauvres, dénoncée par le rapport de l’Abbé Pierre. Ainsi les inégalités progressent encore dans un climat politique qui ne cherche en rien à corriger l’état des choses.
Le rapport de l’Oxfam explique : les milliardaires ont retrouvé leur richesse d’avant crise
Selon Oxfam, la fortune des dix hommes les plus riches du monde a augmenté de 540 milliards de dollars depuis le début de la pandémie Alors que la pandémie fait basculer des millions de personnes dans la pauvreté, les 1 000 milliardaires les plus fortunés de la planète ont retrouvé en neuf mois seulement leur niveau de richesse d’avant la crise. Tel est le constat dressé par l’ONG britannique Oxfam, dans son traditionnel rapport sur les inégalités. Croisant plusieurs sources (Forbes, Credit Suisse, Banque mondiale…), l’organisation estime que les dix personnes les plus riches du monde, dont le Français Bernard Arnault, ont vu leur fortune augmenter de 540 milliards de dollars (369 milliards d’euros) depuis le début de la pandémie. « En 2008, il avait fallu cinq ans pour que la richesse des milliardaires retrouve son niveau d’avant la crise », selon le rapport. En France, les 175 milliards d’euros qui ont gonflé le patrimoine des milliardaires entre mars et décembre 2020 pèsent deux fois le budget de l’hôpital public. La France n’est pas épargnée non plus, en dépit des mesures de soutien d’urgence déployées par le gouvernement, dont 900 euros versés dès février aux travailleurs précaires. A l’automne 2020, les associations caritatives estimaient le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire à plus de 8 millions, contre 5,5 millions les années précédentes.
Le rapport Abbé Pierre
Dans son rapport annuel, l’organisation pointe les conséquences dramatiques de la crise sanitaire et prédit une explosion des impayés comme des expulsions. Pour les plus fragiles, les effets risquent de se faire sentir longtemps. Le sujet est incontournable et la Fondation Abbé-Pierre ne pouvait faire l’impasse. Dans son rapport annuel, rendu public lundi soir 1er février, elle revient longuement sur la crise sanitaire, les confinements et leurs conséquences pour les plus fragiles, en particulier sur le logement.
La Fondation évoque « la double peine » qui frappe les personnes sans abri ou mal logées, victimes de deux crises. Elle qualifie la situation de « bombe à retardement » pour les ménages modestes et, par extension, pour tous les acteurs du secteur « de la rue au logement », de l’urgence et de l’hébergement, du logement social et de l’immobilier. Depuis mars 2020, elle estime que 14 % des Français ont eu des difficultés liées au logement. Les données qui permettraient de révéler l’ampleur des difficultés ne sont pas encore disponibles et elles risquent d’être encore aggravées par les effets du second confinement en novembre-décembre 2020. » Toutefois, elle revient longuement sur les situations de précarité qui frappent un grand nombre de personnes : les intérimaires, les intermittents du spectacle, les saisonniers, ceux aux CDD non renouvelés ou aux périodes d’essai non confirmées, les stagiaires ou encore les indépendants dont l’activité a été mise en suspens, tous sont très fragilisés par le contexte. Les jeunes sont en première ligne, puisque durant le confinement 58 % des étudiants qui exerçaient une activité ont arrêté et 36 % ont réduit ou changé leur activité rémunérée. Sans oublier les personnes vivant de revenus informels (2,5 millions de personnes d’après le Conseil d’orientation pour l’emploi), « qui ont subi sans indemnisation le tarissement des ressources retirées des petits boulots ou du travail au noir ».