Les pouvoirs publics font mine de découvrir que le puissant groupe Orpea se joue des règles dans ses Ehpad. Mais la maltraitance, les conditions de travail dégradées et la répression syndicale sont sur la table depuis des années, sans que jamais le système de financement ne soit remis en cause. Depuis mardi soir avec la sortie du livre Les Fossoyeurs de Victor Castanet sur les Ehpad et Orpea, le gouvernement pousse des cris d’orfraie et c’est l’affolement général au royaume de l’or gris.
L'Or gris De François Nénin et Sophie Lapart. Cet ouvrage publié en 2011 décrivait déjà l’univers des maisons de retraite. Il a été suivi par des enquêtes menées en caméra cachée en 2014 dans plusieurs EHPAD.
Le business de l’or gris
Le livre "L’Or gris" présente en quelque sorte les dévoiements d’un marché qui est celui de l’hébergement en maison de retraite. Ce marché dont les fleurons sont cotés en bourse est assuré, selon les analystes financiers, d’une progression régulière de ses profits. Les maisons de retraite : Orpéa, Médica, Korian, Le Noble Age, sont les nouvelles valeurs de croissance de la bourse, assurées d’une progression de leur chiffre d’affaires de 10% par an. Les responsables de ces institutions ont l’œil rivé sur leurs indicateurs économiques ce qui conduit souvent à des pénuries de personnel, à des glissements de responsabilités, à l’exigence de commissions occultes de prestataires extérieurs. Le livre dessine alors l’économie souterraine des EHPAD et les pas de porte exigés des intervenants extérieurs : professions libérales, ambulanciers, pédicures, coiffeurs, animateurs, pompes funèbres. L’achat de médicaments dans une pharmacie éloignée est même cité comme générant des commissions.
La faiblesse numérique du personnel encadrant les patients est à l’origine de la maltraitance institutionnelle. La France détient un record peu honorable en Europe avec le taux le plus faible d’encadrement 5 à 6 employés contre10 dans d’autres pays tels que la Belgique, l’Espagne, l’Allemagne.
Voyage au cœur de la maltraitance
Le turn over du personnel nous informe pour chaque maison de l’absence fréquente de sélection de volontaires qualifiés pour occuper ces fonctions. En ces temps de chômage massif, les recrutés deviennent vite volatils et prêts à rejoindre d’autres structures : restauration, hôtellerie, etc. Lorsque l’on doit effectuer dix ou quinze toilettes consécutives tous les matins, le relationnel avec les résidents devient inexistant. Au moment des repas comment dominer une situation sans en venir au gavage ou à l’abandon de la personne, lorsque l’effectif est insuffisant ? Une situation quelquefois aggravée par l’absence d’un remplacement.
L’agitation des malades leurs déambulations peuvent parfois gêner. Aussi le recours à des médications puissantes (les neuroleptiques), donne aux salons et salles de réception, la vue de personnes végétatives et sans réflexes.
François Nénin estime qu’une seule maltraitance en institution en cacherait beaucoup d’autres. En conséquence, 70% des cas se situeraient en maison de retraite, contre 30% au domicile.
Un secteur sans contrôle
Le rédacteur du livre nous décrit l’ambiance dans laquelle il a progressé dans ses investigations. L’omerta qui règne dans le secteur des maisons de retraite recèle plusieurs aspects ce qui rend difficile les actions correctrices. Les médias sont peu intéressés par la maltraitance et ont refusé toute insertion des dossiers présentés par Monsieur Nénin (pourtant journaliste à Nice Matin). « Le thème de la vieillesse rebute, il fait peur, il dégoute, il culpabilise aussi. Chacun a dans son placard un vieux qu’il va peu voir, ou en tout cas, pas assez. Parce que c’est loin, parce que c’est triste. Ce sujet nous oblige à nous projeter dans nos angoisses de la dépendance et de la déchéance physique, psychologique et intellectuelle. C’est une dernière étape avant la mort, un autre sujet lui aussi très caché.
L’absence de contrôles découle aussi des pressions subies par les journalistes enquêteurs qui sont dissuadés de traiter ce thème. Et lorsqu’ils le font à l’aide de caméras cachées ils doivent s’en justifier comme une émission de télévision a pu le prouver.
La même année le Médiateur de la République publiait un rapport sur la maltraitance financière des personnes âgées. Une structure locale Almazur recevait des appels téléphoniques pour intervenir et recenser les nombreux cas d’arnaque spécifiques aux personnes âgées dans les Alpes Maritimes.
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L'Or gris : note de lecture - DIRPA Références
De François Nénin et Sophie Lapart Le thème de la maltraitance institutionnelle est régulièrement abordé par la télévision, par des affaires déférées devant les tribunaux et donne lieu ...
http://dirpareferences.over-blog.com/article-l-or-gris-note-de-lecture-87902073.html
En 2014 un nouveau livre traite des EHPAD Demain, vieux, pauvres et malades. Livre du Docteur Sauveur Boukris aux Editions du Moment
Après avoir traité des maisons de retraite et de l’économie des « seniors », il présente ses étonnements. La Dépendance : plus on en parle et moins on agit. Comment peut-on rester dans l’impasse actuelle sans trouver la moindre solution ? Une assurance dépendance doit être instaurée le plus vite possible.
Il dénonce le numérus-clausus abusif imposé par Alain Juppé suite au rapport Chaussat en 1997. A l'époque il y a trop de médecins : pour en diminuer le nombre des aides au départ sont instaurées. Grâce à ces décisions nous devons désormais importer des médecins, tandis que leur répartition géographique accroît les inégalités de traitement. C’est à la suite de la canicule de 2003, que l’on découvre l’insuffisance du nombre des médecins. Il faut désormais recruter à l’étranger, des médecins, mais aussi des infirmières…
Nous avons publié ce rapport de l’OCDE qui était accablant. Avec 6 médecins pour 100 000 habitants, nous sommes lanterne rouge derrière le Portugal, qui en aligne deux fois plus et derrière les Pays Bas qui en ont trois fois plus.
Un nouvel abandon de la loi Grand Âge.
Cette loi, promise par Emmanuel Macron a été définitivement abandonnée en septembre 2021. Mais lors de chaque élection présidentielle la promesse d’une loi Grand Âge a aussi été abandonnée (Sarkozy, Hollande et Macron)
Elle promettait de développer les dispositifs permettant aux personnes âgées de conserver leur autonomie. Cette loi « est urgente, il y aura 100 000 personnes âgées de plus en 2030 », avertissent les syndicats.
Chaîne associée au site DIRPA Voyages-Musées des Retraités des Alpes Maritimes. Actualité des Musées des Alpes Maritimes et de la Région, voyages culturels, carnets de voyage, promenades ré...
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