Plusieurs informations viennent de démentir les affirmations de certains politiques qui continuent à s’exprimer sur l’augmentation de la durée de vie en France. Ces assertions ne tiennent pas compte des dernières informations publiées sur le sujet. C’est le géant de la sur-assurance Scor qui vient de découvrir des pertes dans plusieurs pays du fait de décès prématurés causant des absences de règlement de polices d’assurance pendant deux ou trois ans. Afin d’accélérer la finalisation de la revue des hypothèses sur la durée de vie au T3 2024, SCOR a fait appel à trois cabinets d’actuariat différents afin de mettre en œuvre des analyses comparatives sur les mises à jour des hypothèses actuarielles et enfin, de soutenir SCOR dans la production de la documentation.
Une société d’assurance vie Luxembourgeoise vient de se déclarer en faillite pour les mêmes raisons.
Une nouvelle étude va dans le même sens
Quatre scientifiques américains ont centré leur recherche sur les huit pays dont la population a atteint les niveaux les plus élevés d’espérance de vie entre 1990 et 2019 (l’Australie, la France, l’Italie, le Japon, la Corée du Sud, l’Espagne, la Suède et la Suisse), ainsi que sur la région de Hongkong et les Etats-Unis, qui constituent un cas à part, puisque l’espérance de vie des Américains marque le pas depuis les années 2010 et a été très fortement grevée par l’épidémie de Covid-19. Leurs calculs montrent qu’en moyenne, ces populations n’ont gagné que 6,5 années en trente ans, c’est-à-dire un niveau bien inférieur à la période précédente.
Aux Etats-Unis
« Historique », « horrible », « effrayante », les démographes peinent à trouver le meilleur qualificatif pour désigner la chute de l’espérance de vie aux Etats-Unis, qui s’aggrave depuis deux ans, sous les effets combinés du Covid-19 et de facteurs structurants de la société américaine. L’annonce, fin août, par l’agence américaine pour la santé des Centers for Disease Control (CDC), d’une perte d’espérance de vie de près d’un an entre 2020 et 2021 n’est certes pas une surprise totale, puisque la population américaine perd régulièrement quelques mois d’espérance de vie tous les ans depuis 2014. Mais les démographes n’en restent pas moins surpris par l’ampleur du phénomène.
« Cette baisse de 77 à 76,1 ans a porté l’espérance de vie à la naissance aux Etats-Unis à son plus bas niveau depuis 1996 », écrivent les CDC. Plus alarmant encore, il s’agit de la deuxième baisse en deux ans, puisque 2020 avait déjà enregistré une chute de 1,8 an. Un déclin de 2,7 ans en deux ans, donc, ce qui constitue la plus forte baisse de cet indicateur depuis les années 1920.
Comorbidités et hésitation vaccinale
Parmi les nations les plus développées, les Etats-Unis sont le seul pays à connaître une telle situation. « Certains pays à haut revenu n’ont subi aucune perte d’espérance de vie pendant la pandémie et d’autres qui avaient subi une perte en 2020 ont largement regagné le terrain perdu en 2021 », relève Noreen Goldman, professeur de démographie et d’affaires publiques à la Princeton School of Public and International Affairs.
Ce déclin américain s’explique pour moitié, selon les CDC, par la mortalité liée au Covid-19. Le pays a, en effet, payé un lourd tribut à l’épidémie, avec un excès de mortalité en deux ans estimé à plus d’un million de personnes. « Non seulement les Américains meurent du Covid-19 à un rythme plus rapide que les habitants d’autres pays comparables, mais ils meurent aussi à un âge plus jeune », souligne Magali Barbieri, démographe de l’Institut national d’études démographiques.
Comment expliquer une telle surmortalité ? Tout d’abord, l’état de santé général de la population, dont un tiers souffre d’obésité et 10 % de diabète – des comorbidités rendant particulièrement vulnérable face au Covid-19. Ensuite, l’absence de système de protection sociale, qui entraîne des retards dans les soins primaires et la difficulté à négocier des conditions de travail (comme le télétravail pendant la pandémie). Enfin, la forte hésitation vaccinale : seulement 30 % de la population a reçu une dose de rappel contre le Covid-19, contre 60 % en France.
Mais la tendance existait déjà avant la pandémie. Décès liés aux drogues et à l’alcool, suicides et maladies cardio-métaboliques (diabète, obésité, cardiopathie hypertensive, par exemple) participent depuis des années à la hausse de la mortalité chez les adultes en âge de travailler (25-64 ans). Depuis 2010, le pays doit notamment faire face à une explosion des décès par overdose. Des millions d’Américains sont devenus dépendants aux médicaments antidouleur à base d’opiacés dans les années 1990 et 2000, à la suite de campagnes de marketing agressives de la part de l’industrie pharmaceutique. Quand le gouvernement a restreint l’accès à ces produits en 2010, de nombreux consommateurs se sont tournés vers le marché illégal, où une nouvelle drogue a émergé, le fentanyl, plus puissant et dangereux que les autres opioïdes. Au cours des deux dernières années, ces overdoses ont causé la mort de près de 200 000 personnes dans le pays.
Les conséquences en France
La pyramide des âges se détériore aussi à sa base avec un mortalité importante due à l’usage de drogues (25% de la population) ce qui signifie un risque important de décès par overdose pour l’ensemble de cette population. Il faut y ajouter le nombre de décès liés à l’emploi d’armes de guerre. Les blessés atteints par le calibre important des projectiles sont inaptes à toute remise sur pied rapide. De ce fait, leur durée de vie s’avère limitée. Rappelons qu’aux Etats-Unis chaque année aux 200 000 overdoses, il faut ajouter 50 000 morts par arme à feu. C’est 250000 personnes jeunes qui disparaissent brutalement tous les ans soit 2 millions et demi de personnes sur dix ans. Comme la situation aux Etats-Unis met une dizaine d’années avant de se répandre en Europe, le diabète et l’obésité viendront obérer encore plus l’espérance de vie des populations.
Les projections sur l’équilibre des retraites à l’horizon 2050 et 2070 apparaissent erronées compte tenu de la diminution de la durée de vie (moins 2,7 ans aux Etats-Unis).