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Taxer les retraités : un retour de la guerre des âges

par Guy Muller 8 Février 2025, 16:26 Editoriaux

 

Les idées ne manquent pas pour diminuer encore le pouvoir d’achat des retraités. Mais ces propositions reconnaissent implicitement l’insuffisance de la progressivité de l’impôt. C’est l’impôt qui assure la redistribution des revenus. Il faut rappeler que les retraites représentent 14% du PIB alors que les retraités sont 17 millions et représentent 24% de la population. Or à l’horizon 2030 ce prélèvement sera toujours de 14% même s’il y a une augmentation du nombre de retraités.
Si le barème progressif de l'impôt sur le revenu conserve ses 5 tranches de 0% à 45%, ses limites ont été comme chaque année revalorisées pour neutraliser les effets de l'inflation sur le niveau d'imposition des ménages. La revalorisation a été fixée à 1,8% (au lieu de 2% prévus dans le texte initial du mois de décembre), soit au même niveau que l'évolution des prix évaluée par l'INSEE pour 2024.


La chasse aux vieux est toujours ouverte
La proposition de la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet de mettre à contribution certains retraités pour financer la Sécurité sociale suscite des critiques. « Taxer des retraités qui ont 2 000 euros de retraite » est « totalement scandaleux » ont estimé l’ensemble des responsables politiques à l’exception du Président du Medef.
Cette contribution évoquée par la ministre du Travail pourrait porter « sur les personnes retraitées qui peuvent se le permettre ». Astrid Panosyan-Bouvet a précisé que « ça peut être 40 % » des retraités « en fonction du niveau de pension ». À Matignon, on souligne que la proposition de la ministre est « une position personnelle ».
"Il y a différentes taxes et cotisations qui pourraient être envisagées sur les retraités qui peuvent se le permettre, en fonction du niveau de pension", a expliqué la ministre du Travail. Elle a évoqué ceux qui ont une retraite nette au seuil de 2000 ou 2500 euros, soit "40% des retraités concernés", dit-elle. Un dispositif qui pourrait rapporter entre 500 et 800 millions d'euros, selon les chiffres qui circulent, notamment dans Le Parisien.


Augmenter la CSG
C'est une des pistes les plus évidentes pour permettre de moduler selon les niveaux de revenus des retraités. En effet, les plus modestes en sont exonérés et il existe 3 taux de CSG, celui à 3,8%, celui à 6,6% et celui à 8,3%, qui sont appliqués selon les niveaux de revenus du foyer. Ainsi, il pourrait être tentant pour le gouvernement d'augmenter le dernier taux, celui de 8,3%, pour le rapprocher de celui des actifs, à 9,1%. Le taux normal (maximal) de CSG est appliqué à 4,6 millions de retraités qui ont des revenus minimaux de 26 002 euros pour une personne seule et 39 886 euros pour un couple.


Augmenter la Casa (contribution additionnelle pour la solidarité sur l'autonomie)
Voici une autre contribution sociale payée par les retraités, sauf les plus modestes. En effet, seuls ceux soumis aux taux médian et normal sont prélevés de la Casa, au taux fixe de 0,3% sur leur pension de retraite.
Bonne nouvelle pour certains, une partie de la CSG reste déductible de l'impôt sur le revenu. Ainsi, si vous êtes soumis à un taux de 6,6 %, vous pouvez déduire 4,2 % de votre revenu imposable. Pour ceux au taux normal de 8,3 %, la déduction atteint 5,9 %. En revanche, la CRDS et la CASA, prélèvements additionnels, ne sont pas déductibles. Cette mesure permet de limiter l'impact de la hausse de la CSG sur l'imposition globale. Mais elle ne compense pas totalement la réduction du pouvoir d'achat pour les retraités concernés.


Supprimer l'abattement fiscal de 10% pour frais professionnels
Cette piste ne cesse de revenir depuis des mois. Tous les retraités Français bénéficient depuis 1978 d'un abattement de 10% sur les frais professionnels, le même dispositif alloué aux actifs, alors qu'ils ne travaillent pas. Et ce, dans la limite de 4321 euros par an, pour un ménage. C'est un avantage fiscal incontestable pour les retraités qui paient des impôts. Supprimer cet avantage fiscal ferait rentrer de nombreux retraités dans l'impôt et augmenterait celui des plus aisés. Cette position a déjà été avancée par le Medef, mais aussi le Conseil d'orientation des retraites.


Toutes ces attaques sont trop fréquentes et trop ciblées pour n’être qu’un effet du hasard. Mais affirmer ce n’est pas prouver ! Les retraités et les personnes âgées auraient bien tort de ne pas riposter à des attaques simultanées et qui ne peuvent qu’encourager d’autres offensives.

 

Taxer les retraités : un retour de la guerre des âges
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