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MONALISA : isolement et solitude, un mal français

par Guy Muller 2 Mars 2014, 17:42 Notes de lecture

 

C’est un nouveau rapport qui démontre ce que l’Intersyndicale des retraités observe depuis longtemps. Lors de ses rencontres avec les CCAS, ou avec les maires, ce problème était clairement abordé et connaissait des réponses disparates. C’est la ville de Cannes qui semblait, via un dispositif mis en place par le « Bel Age », avoir un réseau d’information montante par l’intermédiaire des commerçants. D’autres CCAS (St. Laurent du Var, Grasse, Nice, Menton) organisaient une mobilisation à l’occasion des chaleurs de l’été pour éviter la reproduction de milliers de décès connus en France lors de la dernière canicule. En général des listes de personnes étaient montées pour pouvoir les surveiller à distance, dans certains cas des distributions de boissons étaient prévues.

Mais il restait toujours un problème de maillage efficace pour les personnes inconnues des CCAS ou rétives à tout enregistrement.

 

En 2013, un Français sur quatre de plus de 18 ans se trouve dans une situation le rendant potentiellement exposé, en cas de rupture, à l’isolement social. Cinq millions de personnes de plus de 18 ans sont effectivement seules, soit 12 % des personnes, plaçant la France parmi les trois pays d’Europe les plus touchés par l’isolement relationnel. Cette précarité relationnelle est fortement ressentie. Deux tiers des Français considèrent que l’isolement et la solitude se sont aggravés et 7 Français sur 10 reprochent à la puissance publique de ne pas être suffisamment mobilisée sur cette question et considèrent que seules les associations et fondations sont mobilisées contre l’isolement. Pour les Français, ce qui contribue à améliorer la cohésion sociale est autant de l’ordre de l’engagement des citoyens que de la solidarité nationale.

La population des personnes en situation d’isolement relationnel est composée pour un quart (23%) de personnes âgées de plus de 75 ans, soit environ 1,2 million de personnes. La part de personnes âgées isolées augmente de façon aiguë. Lutter contre cet isolement social suppose avant tout d’encourager la participation des citoyens et acteurs locaux volontaires pour développer la création de lien social avec les personnes fragilisées.

 

Monalisa signifie en clair : préconisations pour une Mobilisation Nationale contre l’ISolement social des Agés.

 

Les préconisations du rapport se situent à trois niveaux

 

• Au niveau local : promouvoir les « équipes citoyennes » qui agissent au plus près des personnes isolées, en animant un réseau, en suscitant la création de nouvelles équipes et en leur apportant des soutiens.

• Au niveau départemental : s’organiser pour agir jusque dans les « zones blanches » et auprès de publics sensibles en animant la coopération entre les différentes parties prenantes.

 

• Au niveau national : promouvoir une « Charte MONALISA » pour favoriser les initiatives et sécuriser les partenariats. Créer une association MONALISA et un comité national au printemps 2014 pour animer la mobilisation dans la durée.

 

Une mobilisation nécessaire

Doris Lessing prix Nobel de littérature a parlé des personnes âgées et des relations entretenues avec elles, dans « les voisines » et « si vieillesse pouvait », par des personnes compatissantes. Une amitié est décrite entre une directrice de revue et une personne âgée en plein déclin physique, moral et matériel. Ce long cheminement montre tout l’intérêt d’un rapprochement entre deux personnes très différentes. Une relation presque filiale en nait, avec au centre une préoccupation d’entraide de la part de la personne valide. Elle décrit d’ailleurs très bien ses premières peurs dont la saleté qui règne au foyer de la personne aidée.

Comment passer d’une aide fortuite et généreusement assumée à une aide organisée par la société. Et là on commence à patauger dans un service citoyen, une orchestration des spécialistes de l’entraide, CCAS, associations, syndicats, Coderpa. Bref on fait la Charité et on organise des bonnes pratiques, sans trop savoir sur qui, le véritable travail de proximité reposera.

 

De nouvelles « bonnes œuvres »

Or pour avoir travaillé avec des spécialistes pendant huit années au Coderpa des Alpes Maritimes, je pense que l’organisation d’une entraide devrait commencer au sein même des copropriétés, au sein même du réseau des commerces. Mais aussi dans les lieux de rencontre : jardins publics, bancs, cafés, ciné-clubs, promenades, visites organisées des musées. Mais toute notre vie actuelle est dominée par « l’économie » qui détruit l’ancien ordre des choses. Dans les grandes villes, la fermeture des bars, des cafés, la suppression de tout environnement musical, la fin du commerce de proximité, la suppression des simples bancs publics (comme disait Brassens), la rotation permanente du personnel dans les enseignes multiples et uniformes dans toutes les villes… C’est bien la conjonction de tous ces évènements qui va dissoudre tout lien effectif. Car l’employé de commerce dès lors qu’il appartient à une chaîne nationale ou internationale n’est plus un intermédiaire relationnel. Comment ne pas voir que notre économie est destructrice de toute proximité, car le jeunisme emporte tout ? L’achat à distance sur Internet, l’achat dans les supermarchés lointains, la longueur des trajets imposés aux actifs, c’est cela qui ruine la proximité. Proximité est ce qui est proche, qui donne du lien.

 

Comment ne pas voir dans l’organisation d’une ville comme celle de Nice un très mauvais exemple. Les bancs publics ont disparu de l’avenue Jean Médecin. Le café à 3 euros, les enseignes nationales qui remplacent les commerces tenus hier par des générations de bons professionnels, la séparation des transports, tout est fait pour chasser les personnes âgées. Place du Général de Gaulle, le tram et le chemin de fer de Provence sont éloignés, c’est la même chose entre le tram et la gare SNCF, comme la suppression d’une gare routière avec l’essaimage d’autobus au petit bonheur la chance. Lorsque l’on construit une nouvelle promenade on constate que les aires couvertes accueillent peu de personnes grâce à des dispositifs de sièges orientables mangeurs d’espace. Huit personnes seulement peuvent ainsi être abritées sous un seul auvent. La vieille volaille est donc invitée à se faire plumer dans des espaces payants : car les bars-restaurants ont tout l’espace public à occuper, souvent très au-delà des marquages. Un King Burger n’hésite d’ailleurs pas à renvoyer les piétons près des rails du tram !!

 

Des subventions sont prévues

Les ressources apportées par les parties prenantes de MONALISA assureront l’essentiel de la dynamique de mobilisation nationale. Le financement dédié pour le pilotage national, des aides au démarrage des nouvelles équipes, l’animation départementale, la formation et l’évaluation, est évalué entre 1,5 et 2M€ par an. Afin de donner le sourire aux futurs opérateurs de Mona Lisa une dose de subvention s’avère être indispensable.

Même en cas d’insuccès de l’opération on suppose que les bénéficiaires ne se plaindront pas !!

 

Un nouveau comité Théodule comblera la solitude des personnes âgées, celles qui sont assistées par définition. Pour les autres, les séniors dont l’appellation est toute dorée, ils vivront en touristes choyés.

 

Vous pouvez importer et lire le rapport MONALISA objet du PDF suivant.

 

Guy Muller

 

 

MONALISA : isolement et solitude, un mal français
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commentaires
J
Excellent article. Et un rappel non inutile du travail de l'intersyndicale des retraités 06 sur le terrain.<br /> Jean-Pierre Marmontelli
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