Un récent sondage vient de mettre en évidence les préoccupations des français en matière sanitaire et sociale. Le Baromètre d’opinion de la Drees suit chaque année depuis 2000 l’évolution de l’opinion des Français sur leur santé, sur la protection sociale dans l’ensemble de ses dimensions (assurance maladie, retraite, famille, handicap, dépendance, solidarité, lutte contre la pauvreté et l’exclusion) ainsi que sur les inégalités et la cohésion sociale. L’un des principaux enseignements de ce sondage est l’attachement des français au système de Sécurité sociale.
http://www.drees.sante.gouv.fr/IMG/pdf/cp_2015_barometrebat.pdf
Huit Français sur dix considèrent que leur système de sécurité sociale peut servir de modèle
Selon 81 % des Français, le système de sécurité sociale français « peut servir de modèle à d’autres pays ». Trois quarts des Français pensent que le système de sécurité sociale français « fournit un niveau de protection suffisant », mais deux tiers d’entre eux pensent qu’il « coûte trop cher à la société ». Bien que cette part diminue, sept Français sur dix estiment qu’il faut « réformer la société française sur certains points tout en conservant l’essentiel ». Cela traduit leur souhait de conserver les fondamentaux du système actuel tout en le faisant évoluer, volonté que l’on retrouve aussi s’agissant plus spécifiquement de la protection sociale. La part des Français qui pensent qu’il faut « radicalement changer la société française » (27 %) est, elle, en hausse de 9 points depuis 10 ans. Seulement 4 % des Français pensent qu’il faut « conserver la société française en l’état ».
Une demande de solidarité mieux ciblée
Concernant les allocations familiales et l’assurance maladie, un quart des Français pensent qu’elles devraient être réservées aux seuls cotisants, soit 10 points de plus qu’en 2010.
En général, les Français souhaitent des allocations familiales ciblées sur les plus modestes. Interrogés sur les allocations familiales, 42 % des Français jugent qu’il faut « réserver les allocations familiales aux familles dont le revenu total est inférieur à 6 000 € ». 39 % des personnes interrogées estiment toutefois nécessaire de « donner des allocations familiales à toutes les familles, mais davantage aux familles dont le revenu total est inférieur à 6 000€ ». En conséquence 81% des Français sont moins timorés que les politiques. Enfin, seulement 18 % des répondants approuvent le fait de « continuer à donner des allocations familiales à toutes les familles », comme c’était le cas jusqu’ici. 1% des enquêtés considèrent enfin qu'il « ne faut plus donner d'allocations familiales".
La qualité des soins et leur coût
En 2014, une majorité des Français estime que la qualité des soins est satisfaisante, notamment en ce qui concerne la médecine de ville (professionnels de santé libéraux exerçant en cabinet libéral). Plus de huit Français sur dix sont satisfaits de la qualité des soins prodigués par les médecins généralistes (90 %), les infirmiers (87 %), les médecins spécialistes (84 %) ainsi que les dentistes et orthodontistes (81 %).
La qualité des soins délivrés par les urgences hospitalières est jugée moins satisfaisante qu’en médecine de ville : ce service recueille seulement 57 % d’avis favorables. Les maternités, les autres services les hôpitaux publics et des cliniques sont globalement jugés plus satisfaisants (70 % à 75 % de satisfaction en 2014).
La solution préférée des Français pour réduire le déficit de la branche maladie de la Sécurité sociale est la limitation des tarifs des professionnels de santé (84 %), et la taxation des fabricants de médicaments (81 %). Une large majorité des Français souhaitent également jouer sur le comportement des médecins : 68 % souhaitent qu’ils prescrivent moins de médicaments et d’examens, et 56 % que soit rendue obligatoire la prescription de médicaments génériques. En revanche, seulement quatre Français sur dix souhaitent limiter la liberté d’installation des médecins.
Les Français soutiennent en revanche bien moins des mesures augmentant les cotisations sociales (22 %) ou réduisant la prise en charge des longues maladies (15 %).
Une exigence d’équité dans la distribution des salaires
Une très large majorité pense que les salaires des ouvriers non qualifiés devraient être augmentés et ceux des PDG réduits Après avoir été interrogés sur le revenu mensuel moyen que perçoivent selon eux différents professionnels tels que les ouvriers non qualifiés, les instituteurs, les médecins généralistes ou encore les PDG de grandes entreprises, les enquêtés sont ensuite invités à indiquer la rémunération souhaitable pour ces professions.
Leurs estimations portant sur ces professions clairement identifiées montrent un souhait de conserver la hiérarchie salariale existante, mais de diminuer fortement les écarts les plus importants en augmentant les bas salaires et en réduisant les plus élevés, ce qui transparaissait déjà dans de précédentes exploitations des mêmes questions (Forsé, Galland, 2011). Neuf Français sur dix estiment que les salaires des ouvriers non qualifiés doivent être augmentés et sept sur dix considèrent que ceux des PDG des grandes sociétés françaises doivent être réduits.
Plus précisément, les Français préconiseraient de rémunérer :
- 1 470 euros un ouvrier non qualifié en usine (soit 24 % de plus que le salaire qu’ils estiment en moyenne pour cette catégorie) ;
- 2 100 euros un enseignant en école primaire (+17%) ;
- 4 760 euros un médecin généraliste (-3 %) ;
- 11 540 euros pour le PDG d’une grande société française (-54 %).
Sept Français sur dix sont favorables à l’interdiction des rémunérations dépassant 50 000 euros par mois
Des prestations sociales inconnues
La majorité des Français a entendu parler des principales prestations sociales, mais dans des proportions assez variables. La connaissance des prestations sanitaires et sociales est largement partagée : plus de trois quarts des Français ont entendu parler du RSA (97 %), des aides au logement (97%), des allocations familiales (99 %), de la couverture maladie universelle complémentaire ou CMU-C (90 %), de l’allocation pour les adultes handicapés ou AAH (78 %), ou encore du minimum vieillesse (74 %).
L’allocation personnalisée d’autonomie (APA), qui permet d’aider à la prise en charge des personnes dépendantes, n’est en revanche connue que de la moitié des Français (52 %). Elle est davantage connue par les ménages les plus aisés que par les plus modestes, et sa notoriété augmente. L’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé reste méconnue, ce qui contribue probablement à expliquer le faible recours à cette prestation. Seulement trois Français sur dix ont entendu parler de l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé (ACS), qui permet à des ménages modestes de recevoir un « chèque santé » pour participer au financement de leur assurance maladie complémentaire. Cette faible notoriété contribue probablement à expliquer que de nombreux bénéficiaires potentiels de l’ACS n’y ont pas recours.
En effet, selon les estimations de la Drees, plus des trois cinquièmes des personnes potentiellement éligibles n’ont pas eu recours à l’ACS en 2013, soit plus de deux millions de personnes.
En conclusion, les Français ne sont pas hostiles au changement comme on le prétend trop souvent. Au contraire, ils sont demandeurs d’évolutions importantes pour réduire l’éventail de la grille des salaires et reconfigurer les prestations familiales. Ils souhaitent des réformes dans la santé pour en diminuer les coûts. S'ils méconnaissent certaines prestations, cela prouve qu'ils sont loin d'adhérer à un assistanat généralisé. Nous avons d'ailleurs constaté dans les Alpes Maritimes que les Personnes Agées ne recourent pas à certaines prestations dans une proportion de 25%. Certains jugent que leur dignité les oblige à ne pas tendre la main quitte à mourir de faim ou de froid... En revanche, l'adhésion majoritaire au système de protection sociale, reste sans faille.